Les relations professionnelles de la sécurité industrielle : le REX comme outil de médiation ?
Retour d’expérience
Cahiers de la sécurité industrielle
Résumé
Les exploitants d’établissements industriels à risque d’accident majeur mettent en place des procédures de retour d’expérience, afin d’apprendre les leçons des accidents, des incidents et des réussites. Au delà de l’objectif de doter les «gestionnaires» d’un outil d’observation et de modification des procédures, ces dispositifs de REX permettent de dépasser ou de contourner les conflits classiques, dans un domaine la sécurité qui nécessite et autorise une convergence d’efforts, voire un consensus.
Le présent document décrit l’articulation entre procédures de REX et les relations professionnelles (entre patrons, responsables, syndicalistes et autorités de tutelle administrative). L’auteur s’appuie sur des observations conduites sur deux sites industriels en France: une installation chimique et une centrale nucléaire de production d’électricité, deux industries à la fois sources importantes de REX et lieux d’une implantation syndicale historiquement bien enracinée. L’observation s’est focalisée non sur les acteurs ayant l’activité la plus visible dans les procédures de REX, mais sur des pratiques moins bien étudiées, liées aux activités syndicales (travail du CHSCT, en particulier).
L’auteur argue que, contrairement à la croyance générale en le REX comme réducteur de tensions sociales, ces procédures peuvent parfois contribuer à révéler des tensions et à reproduire des clivages entre catégories d’acteurs. Sur les sites concernés par cette recherche, le REX sur les incidents ou accidents liés au risque technologique relève du domaine de la direction, alors que celui concernant les erreurs d’opérations du travail ou les conséquences de défaillances des installations sur les salariés est pris en charge par les organisations syndicales. Ce partage des champs d’action implique que le REX sert peu comme modalité de médiation sur la sécurité industrielle.
Par ailleurs, alors que la pression de l’opinion publique induit des changements réglementaires qui ouvrent de plus en plus le fonctionnement de l’usine au regard public, les relations professionnelles de la sécurité industrielle sont en décalage avec cette tendance, étant en général tournées de façon défensive vers l’intérieur des établissements industriels ou des branches professionnelles.
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