The main challenges of safety science
Ge, J., Xu, K., Zheng, X., Yao, X., Xu, Q., & Zhang, B. (2019). The main challenges of safety science. Safety Science, 118, 119-125.
Notre avis
Un article qui prend sens, publié dans un numéro spécial de la revue Safety Science où la plupart des autres articles – Chinois ou pas – arrivent au même constat d’absence de point de vue convergent dans ce domaine de la science de la sécurité (et même de divergence), avec un très grand risque d’éclatement de la discipline et de non-reconnaissance universitaire à terme.
Notre synthèse
La science de la sécurité peut être considérée comme un domaine compliqué, même si elle a développé de nombreux types de modèles d’accidents (ou théories et métaphores) et de méthodologies d’analyse au cours des dernières décennies.
Voici quatre points forts qui résument la pensée assez négative de collègues Chinois sur les positions et apports de l’Académie vis-à-vis de la sécurité industrielle :
- Le domaine de la science de la sécurité (safety science) est incertain et controversé. Il n’y a pas de consensus sur la manière de répondre à la question « Quel est l’objet de la science de la sécurité ? ».
- Il n’existe même pas de paradigme unique sur la science de la sécurité qui en fasse une discipline scientifique incontestable.
- Il n’existe pas de modèle falsifiable de la science de la sécurité au sens Popperien du terme.
- Une crise profonde d’identité professionnelle touche la communauté scientifique s’intéressant à ce secteur. Le domaine n’a probablement pas aidé les gens à voir cette communauté scientifique comme un groupe de chercheurs et de professionnels de la sécurité.
Les auteurs utilisent tout au long de l’article de nombreux exemples, ponctués par des entretiens avec des experts du domaine, et concluent qu’en tant que jeune domaine de recherche, la science de la sécurité est actuellement confrontée à de nombreux défis.
La survie de la discipline et son développement, particulièrement en Chine, dépend maintenant d’une capacité rapide à apporter des réponses aux quatre points soulevés précédemment. Sinon, faute d’assise théorique répondant aux standards de la capacité de falsification, la science de la sécurité se résumera rapidement à la sous-partie d’une approche mathématique et probabiliste, mesurable, falsifiable et répondant au moins aux demandes externes de la société et des autorités en termes de réassurance publique sur le risque.